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Libye: Affrontements entre partisans et opposants à Kadhafi

par Djamel B.

Des émeutes ont éclaté à Benghazi en Libye, dans la nuit de mardi à mercredi, faisant quatorze blessés, a indiqué hier, l'AFP citant le journal libyen «Quryna». Selon les mêmes sources, parmi les blessés figurent trois manifestants et 10 membres des forces de l'ordre. «Aucun d'eux n'a été touché grièvement», assure le journal. Les forces de l'ordre étaient intervenues, selon le journal, pour mettre fin à des affrontements entre des partisans du leader libyen Mouammar Kadhafi et des «saboteurs» parmi des manifestants qui s'étaient rassemblés pour réclamer la libération d'un avocat représentant des familles de prisonniers tués en 1996 dans une fusillade dans la prison d'Abou Salim, à Tripoli. Des sources concordantes, citées par l'agence française, avaient auparavant indiqué que la police libyenne avait dispersé par la force, dans la nuit de mardi à mercredi, un sit-in contre le pouvoir à Benghazi, deuxième ville du pays. Peu après, des centaines de partisans du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi ont défilé dans plusieurs villes du pays, a-t-on indiqué de mêmes sources. Ces manifestations interviennent avant une «journée de colère» libyenne prévue ce jeudi, selon des appels lancés sur Facebook. Sous le slogan «Révolte du 17 février 2011, pour en faire une journée de colère en Libye», un groupe Facebook, qui appelle à un soulèvement contre le régime de Mouammar Kadhafi, est passé de 4.400 membres lundi, à 9.600 hier matin. Mardi, des membres des familles de prisonniers dans la prison d'Abou Salim se sont rassemblés devant un poste de police pour réclamer la libération de leur coordinateur, l'avocat Fethi Tarbel, selon le journal en ligne «Al-Manara».

 Me Tarbel, dont les raisons d'arrestation sont inconnues, a été libéré sous la pression des familles, selon le site du journal «Quryna». Mais la foule n'a pas quitté les lieux et d'autres personnes se sont jointes à la manifestation, ce qui a poussé les forces de l'ordre à les disperser par la force, selon le site Libya al-Youm. Les manifestants ont scandé des slogans contre le régime : «Benghazi réveille-toi! C'est le jour que tu attendais, le sang des martyrs n'est pas versé en vain», ou encore «le peuple veut faire tomber la corruption», selon ces médias. Peu après, des centaines de manifestants pro-régime ont défilé à Benghazi mais aussi à Syrte, Sebha et Tripoli, selon des images de la télévision d'Etat. A partir de 04h00 locales, la chaîne al-Jamahiriya a diffusé des images en direct de manifestants défilant à pied et en voiture, brandissant des drapeaux et des photos du colonel Kadhafi et scandant des slogans à la gloire du Guide de la Révolution libyenne et contre la chaîne satellitaire Al-Jazira, accusée par le régime d'inciter à la révolte dans des pays arabes particuliers. «Al-Jazira méprisable, nous ne voulons pas autre que notre leader», scandaient notamment les manifestants. Des appels à manifester jeudi contre la corruption et le népotisme en Libye ont été lancés depuis quelques semaines sur Facebook, dans la foulée des révolutions en Tunisie et Egypte, limitrophes.

 Un autre groupe de plus de 2.600 membres invite le peuple libyen à descendre dans la rue pour «une journée de colère contre la corruption et le népotisme», en commémoration de la mort d'au moins quatorze manifestants à Benghazi, le 17 février 2006. Par ailleurs, dans une pétition reçue par l'AFP, plus de 200 signataires et des organisations d'opposition libyennes basées à l'étranger ont souligné «le droit du peuple libyen d'exprimer son opinion dans des manifestations pacifiques, sans aucune forme de harcèlement, provocations ou menaces par le système ou ses éléments». Ils appellent aussi le colonel Kadhafi et sa famille à quitter le pouvoir et à abandonner toutes les autorités et les pouvoirs «révolutionnaire, politique, militaire et sécuritaire». Selon Human Rights Watch (HRW), au moins 1.200 prisonniers ont été tués par les forces de l'ordre, lors d'une fusillade à la prison d'Abou Salim en 1996, dans des circonstances qui restent confuses. Depuis quelques années leurs familles, dont une grande partie est originaire de Benghazi, ne cesse de réclamer que la lumière et la justice soient faites sur ce massacre.